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Europe : Le douloureux apprentissage d’un monde plus dur

Il n’est pas de jour où l’on n’entend des Européens se plaindre de l’Europe. Elle est selon les cas « divisée », « en retard », « impuissante ».


« Et pourtant elle tourne » comme aurait dit Galilée à ses juges à propos de la Terre, dont la rotation perturbait les croyances religieuses du moment. Il en va de même de l’Union européenne. Malgré ses imperfections, elle continue à progresser malgré les critères obsolètes qu’on utilise trop souvent pour la juger.


Ses mots d’ordre apparaîtront peut-être plus clairement le 23 octobre lors du Conseil européen : Défense, préférence, méfiance.


Avec retard mais avec détermination, les Européens ont pris conscience des dangers de leur désarmement face au révisionnisme expansionniste russe. Leurs budgets de défense, qui augmentent de près de 20% par an, auront doublé en moins de cinq ans et dépasseront en 2030 la somme cumulée de 700 milliards €. Le budget commun, jusqu’ici interdit de financer la défense, y est engagé, tous programmes confondus, pour 12,8 milliards €.


Pour la première fois, le principe de préférence européenne a été introduit dans les règles communes de financement des dépenses de défense qu’instaure le plan européen pour l'industrie de la défense (EDIP). C’est une évolution majeure vers une plus grande autonomie européenne.


Enfin, alors que la confiance se renforce entre membres de l’Union, y compris avec leurs partenaires tiers, comme le Royaume-Uni, la Norvège, ou le Canada, la méfiance s’accroît avec le grand partenaire d’outre-Atlantique. Elle est justifiée.


Pour des raisons qui lui appartiennent, le président américain choisit systématiquement le parti du dictateur russe et vient encore de le démontrer en conditionnant son soutien à l’Ukraine aux exigences d’un Poutine en perdition, comme si, en 1941, son lointain prédécesseur Roosevelt avait appelé Hitler avant de choisir son camp et de soutenir les Alliés !


L’histoire du monde en aurait été changée. L’Europe d’aujourd’hui n’est pas prête à accepter qu’il en soit ainsi.


L’Union européenne a été créée pour garantir la paix entre ses membres et leur permettre de retrouver une prospérité que leurs divisions avaient sacrifiée. Sa raison d’être désormais est de faire face à un environnement extérieur de plus en plus hostile.


Elle n’a plus beaucoup d’alliés, mais incarne encore la démocratie et le droit. Avec eux, la force de son économie et sa volonté sont bien les seuls atouts qui lui restent pour relever le gant. Ils suffisent On peut regretter qu’elle soit lente à les valoriser, mais on doit reconnaître qu’elle progresse encore chaque jour et s’adapte, plus rapidement qu’attendu, au monde qui vient.


 

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